L'incroyable mouvement de contestation des Gilets jaunes a connu, depuis sa naissance, la violence de la police comme celle de la justice. Des milliers de Gilets jaunes font l'expérience de la garde à vue – la plus courte des peines d'enfermement. Plus de 500 d'entre eux écopent d'une peine de prison ferme.
"J’ai refait mes comptes. Je suis assigné à résidence depuis le 24 avril 2008, soit depuis treize ans, dix mois et vingt-trois jours, c’est-à-dire 5 075 jours. J’ai effectué 26 040 pointages au poste de police ou de gendarmerie. J’ai parcouru 57 759,8 kilomètres, soit près d’une fois et demi la circonférence de la Terre (40 075 km), tantôt à vélo, tantôt...
Le 30 mars 2017, Angelo Garand, un Voyageur de trente-sept ans, est abattu par une brigade du GIGN pour ne pas avoir réintégré la prison après une permission de sortie. Malgré le combat acharné de ses proches, les gendarmes n’ont jamais eu à rendre de comptes dans un procès public.
« Une fois dans la rue, je sauterai dans la voiture et nous filerons au galop. Si la sentinelle tire, eh bien, nous n’y pouvons rien. Cela échappe à nos prévisions ; et puis, devant la certitude de mourir en prison, la chose vaut la peine qu’on la risque. »
Le 9 octobre 1981, l’État français a pris de grands airs de modernité humaniste en abolissant la peine de mort. Depuis des prisonniers et des prisonnières prennent la parole pour dénoncer cette mascarade : des dizaines de personnes meurent chaque année derrière les murs dans l’indifférence générale. Les lettres et communiqués rassemblés dans ce livre ont...