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Depuis 2020, Jonathan Delisle et Marie Laigle s’assoient dans la salle 4 du tribunal de Toulouse pour rendre compte des « comparutions immédiates ». Cette procédure, aujourd’hui généralisée à tous les délits, permet de juger une personne en à peine vingt minutes et de l’envoyer en prison le soir même. Ces chroniques racontent la violence de ces peines qui s’abattent chaque jour sur des pauvres.
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" La présidente : « Arrêtez de faire ce bruit avec votre bouche ! » Interloqué, le garçon s’arrête, explique :
« C’est un tic…
— Oui, eh bien c’est un tic qu’on ne retrouve pas n’importe où ! Tout le monde n’a pas de tics. C’est très désagréable et surtout c’est un manque de respect ! Bon, les policiers estiment que vous êtes le vendeur – vos cheveux sont assez reconnaissables – et que vous vous livrez à du trafic… »
La procureure profite de l’occasion pour reprendre quelques éléments de langage de la « guerre à la drogue » et fait dans l’organigramme : « Pour tenir un trafic, il faut de tout, un guetteur, un revendeur, etc. Monsieur n’est certes qu’un petit rouage de ce trafic, néanmoins il en est tout de même un échelon. » Mais ce qu’elle n’encaisse définitivement pas, c’est son attitude : « J’aurais imaginé un autre comportement pour quelqu’un qui n’a pas encore de casier. Je n’avais pas prévu ça initialement, mais je vais requérir de la prison ferme et une interdiction de paraître au quartier Bagatelle. » (Toulouse, chambre des comparutions immédiates, avril 2022) "